Dans bien des situations il nous arrive d'être confronté au mécanisme du stress et parfois même, de l'angoisse. Pour autant, se repérer entre les deux semble être important, ne serait-ce que dans l'articulation de son propre discours.
On entend ainsi : "je suis stressé" ; "j'ai peur de" ; "je suis anxieux à l'idée de" ; "je crois que je fais une crise d'angoisse" ou encore "j'ai peur d'angoisser".
Nous sommes tous traversé au cours de notre existence par des situations que nous ne contrôlons pas et c'est dans ce sens que l'on se retrouve dans le spectre du stress et de l'angoisse, en passant aussi par la peur et l'anxiété. On voit que les déclinaisons sont nombreuses et que leurs expressions, toutes aussi similaires pour le langage commun et dans leurs mouvements, relèvent d'une singularité à prendre en compte pour mieux s'y situer.
Ainsi, cet article propose de reprendre les définitions pour mieux s'y retrouver.
Qu'est-ce que le stress ?
Le stress est une réaction biologique, physique et normale face à une tension provenant généralement de l'extérieur. On le ressent au travers de notre corps. Un, ou plusieurs objets stresseurs peuvent être identifiés. On peut prendre par exemple la situation de stress face au fait de devoir faire une action porteuse d'anticipation. De ce fait, passer des examens pour certains peut favoriser l'apparition du stress.
Toutefois, le stress n'est pas à entendre seulement dans une position négative. Il vient mettre notre corps en état de pouvoir relever la situation, de l'accomplir. (Conférence TED sur cet aspect)
Ainsi, il y aurait un stress positif et un stress négatif. La différence réside dans l'impact, la durée et sa gestion. Un stress dû à une situation, qui nous dépasse dans sa durée et notre capacité de pouvoir influer dessus, rentre dans le registre du stress négatif. Il convient alors de se faire aider pour limiter son intensité et diminuer son potentiel invasif.
Qu'est ce que l'angoisse ?
Il arrive d'entendre dire que l'angoisse est une émotion. Le rôle d'une émotion est de véhiculer des informations sur notre état psychique et corporel, la joie se fait sentir sur l'instant avec son lot de sensations de bien-être. Elle se traduit par son authenticité, sa communicabilité directe.
L'angoisse véhicule bien des informations sur notre état, mais à l'inverse des émotions qui viennent dévoiler l'origine, l'angoisse la dissimule.
Pour se représenter son processus, un exercice d'imagination : vous êtes dans une maison et il y a des capteurs d'alarme dans toutes les pièces. Vous n'avez pas accès au tableau de contrôle, vous êtes dans une pièce et vous entendez une alarme qui a été déclenché, elle retentit.
Vous savez qu'il y a quelque chose d'inhabituel, l'alarme vous en informe, mais vous ne pouvez pas savoir où tant que vous n'avez pas atteint le tableau de contrôle.
Cet exemple est parlant dans la mesure où l'angoisse est à appréhender comme le signal d'une alarme qui n'en permet pas l'identification de la cause. Vous savez qu'il a quelque chose qui cloche mais vous ne savez pas ce que c'est. Là, est tout le paradoxe de ce mécanisme qui éveille nos sens et nos craintes.
Reprenant la seconde théorie de l'angoisse dans la culture psychanalytique, on remarque ici que sa distinction première est l'absence de représentation. Il n'y a de symbolisable que de son absence d'objet. Ce n'est pas clair, c'est confus mais c'est bien présent. Elle s'inscrit et se fait sentir dans le corps, par ce que l'on nomme l'anxiété (effets organiques de l'angoisse) et que l'on identifie par une impression d'oppression, de trop que l'on ne peut calmer sur l'instant présent.
En somme, l'angoisse est désagréable et c'est là son essence, d'être un actif dérangeant sans solution apparente. Pour autant elle ne fait pas que desservir, même si à la lecture de ces lignes on pourrait penser l'inverse. La fonction essentielle de l'angoisse est protectrice.
Signaler que quelque chose ne fonctionne plus comme il le devrait, permet d'adoucir l'effraction potentielle d'une situation. En d'autres mot, l'angoisse adoucit l'effroi. Son rôle ne réside pas dans le contenu, mais dans le processus. Le signalement prévient.
Qu'en est-il de la crise d'angoisse ?
Si l'angoisse est un signal, la crise d'angoisse se définit par une interprétation exacerbée de ce dernier. En plus des sensations physiques, la situation est à son paroxysme dans le sens où on essaye de penser l'irreprésentable du moment. C'est ainsi que l'on essaye d'y donner du sens : peur de mourir, de devenir fou, de ne plus rien contrôler. Autrement formulé, d'une suite néantisante. Ce qu'il faut savoir est que la crise est temporaire, elle s'installe et disparaît dès que les sensations reviennent à la normale. Toutefois, son passage tend à laisser une trace d'insupportable du fait de sa forte expression et de sa soudaineté.
Pour certains sujets, la répétition de cette situation peut entraîner un état où la peur de revivre les crises reste prédominante. On est ainsi dans ce que l'on appelle le trouble panique, ce qui favorise un comportement d'évitement. En effet, expérimenter l'insupportable n'est pas la sensation la plus agréable au monde, et son évitement semble être la solution logique. Paradoxalement, vouloir éviter revient à anticiper, ce qui entretient un aspect anxiogène.
Dans ces situations, mettre en place un traitement médicamenteux peut être le premier pas pour venir atténuer les effets de l'angoisse. Entreprendre un travail psychologique en parallèle de ce dernier est à envisager, car si les molécules permettent de travailler la forme, le fond demeure.
Que faire en cas de crise d'angoisse ?
La question se pose. En mai 2018 une Américaine, étant sujette au trouble panique, a établi une liste d'action pouvant l'aider et l'accompagner lors de la survenue de cet état. Principalement à destination de son conjoint, elle l'a publiée dans un esprit de partage. (Pour retrouver l'article)
Cependant, il faut comprendre que si l'expression des troubles se retrouve sous un tableau clinique bien établi, les actions que peuvent faire l'entourage présent ne sont pas universelles.
Elles dépendent de la subjectivité de la personne qui fait la crise, autrement dit il faut trouver ce qui va marcher pour la personne concernée.
Un point central revient au travers des études : travailler la respiration. L'état d'emballement dans lequel le sujet se retrouve accélère le rythme cardiaque et l'on sait que se concentrer sur la respiration permet d'atténuer les effets, jusqu'au passage de la crise.
C'est tout un entrainement de pouvoir se concentrer sur ce qui vient faire défaut, tout en sachant que la néantisation ressentie est temporaire. C'est pour cela que si un proche est présent, garder son calme et aider l'autre à respirer, est le seul point d'action possible.
Les points essentiels :
- Le stress peut être positif et négatif, c'est une réaction biologique normale en lien avec une situation localisée.
- L'angoisse qui s'accompagne de l'anxiété (manifestations corporelles de cette dernière) est un signal d'alarme, dont le rôle protecteur est à prendre en compte. L'absence d'objet, de situation impliquant sa manifestation permet de la différencier du stress.
- La crise de panique et l'attaque de panique, sont des situations où l'angoisse est à son paroxysme. C'est un état qui reste temporaire, souvent d'accompagné d'une hémorragie imaginaire qui se retrouve sous une interprétation néantisante.
- Identifier ce qui se passe à travers ces manifestations permet d'intervenir sur des plans adéquats. Pour le stress, identifier son aspect positif et son aspect négatif permet de diminuer son intensité et ses répercussions. Concernant l'angoisse, on sait que son rôle est de nous mettre en alerte pour éviter l'effroi. L'interprétation en première instance n'est pas l'objectif, c'est l'après-coup qui prévaut.
- Travailler sa respiration par des techniques comme la cohérence cardiaque, en parler à ses proches pour ne pas être seul dans cet état, sont des choses importantes à mettre en place.
Si la situation perdure dans le temps, se répète et entraîne des complications, se faire accompagner par un professionnel est recommandé.